Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
En tout premier lieu, je tiens à excuser Christophe BÉCHU, Sénateur-Président du Conseil Général, qui devait participer à cette inauguration. Un déplacement impromptu à l’étranger, au Vatican précisément, imposé par ses responsabilités parlementaires, l’empêche d’être avec nous en cette fin d’après-midi. Il m’a chargé de vous dire combien il le regrettait et de vous transmettre ses salutations les plus cordiales.
Au regard de la mémoire collective locale, Champigné vit aujourd’hui un moment historique. En effet, l’inauguration d’une mairie est un évènement rare : la dernière remonte aux années 1840, il y presque deux siècles. Mais me direz-vous, Monsieur le Préfet, pourquoi avoir construit une nouvelle mairie ? Et même si vous ne me posez pas la question, je vais m’efforcer d’y répondre !
Au début des années 2000, l’équipe municipale commence à réfléchir à des travaux de réhabilitation de l’ancienne mairie. Mal située et donc difficile à identifier, elle n’est plus adaptée aux besoins de la population, aux conditions de travail du personnel administratif et ne répond pas aux évolutions de la commune qui voit sa population fortement augmenter. Il faut également envisager d’importants travaux de mise en accessibilité. Dans le même temps, en 2002 exactement, l’entreprise horticole CAMUS-LES-GRES est liquidée. Malgré les efforts de la municipalité pour rechercher un repreneur, Champigné se trouve avec une friche industrielle de 4 ha 5 au cœur de la commune. La SODEMEL ainsi que le Cabinet d’Urbanisme 8½ conseillent alors de transformer cette friche en un nouveau quartier directement greffé au cœur ancien de la commune, et d’y installer un élément fort d’animation. C’est ainsi que les élus municipaux décident de construire une nouvelle mairie, plutôt que d’engager de lourds travaux de rénovation et d’extension qui n’auraient pu donner entière satisfaction.
Aujourd’hui, ce nouveau quartier a déjà bien pris forme. La municipalité souhaite permettre à chacun de choisir son logement en fonction de ses désirs et de ses possibilités financières. C’est pourquoi, la 1ère tranche du Domaine de la Coudre, organisée autour d’un large mail, compte environ 90 logements : en accession à la propriété, en locatifs pavillonnaires ou semi-collectifs ou encore en accession sociale à la propriété. Il reste une vingtaine de parcelles à vendre, avant de mettre en chantier la 2ème tranche. Il aura donc fallu sept ans, depuis le premier coup de pelle de démolition de l’ancienne entreprise RICHARD, pour aboutir à ce résultat. Ce qui prouve que le Conseil municipal a mis en œuvre sa volonté de développement maîtrisé de l’urbanisation de Champigné, nécessaire pour accueillir dans les meilleures conditions les nouveaux habitants mais aussi ajuster les services et les équipements aux besoins de la population.
Dans la définition du projet urbanistique du Domaine de la Coudre, la municipalité a veillé à ce que ce quartier soit très végétalisé. Ainsi, les abords de la mairie ont été plantés d’arbres et d’arbustes et un petit théâtre de verdure a été réalisé. La plantation de plusieurs centaines de végétaux agrémente le parking situé en face de la mairie et le long de la rue Henri Lebasque. L’aménagement de cette entrée de la commune était devenu nécessaire en raison de la vitesse excessive des véhicules entrant dans Champigné, de la voirie très abîmée et de trottoirs difficilement praticables et même inexistants par endroits.
Cette mairie a été pensée pour qu’elle soit fonctionnelle pour le personnel communal, pour les élus et accueillante pour ses usagers. Une mairie lumineuse, ouverte vers l’extérieur, transparente à l’image des décisions qui y sont prises. Une mairie esthétique par son architecture jouant à la fois sur les volumes et sur la diversité des matériaux : bois, enduits traditionnels, schistes, surfaces vitrées.
Le conseil municipal a souhaité que ce bâtiment s’inscrive dans une logique de développement durable. Cette construction est donc parfaitement isolée, les eaux pluviales sont récupérées pour arroser les espaces verts, il n’a pas été installé de climatisation, les luminaires s’allument en fonction de la luminosité ambiante, et le chauffage est assuré par une pompe à chaleur. Par ailleurs, la municipalité a demandé à la Société d’Economie Mixte Anjou Energies Renouvelables d’installer sur le toit de la mairie des panneaux photovoltaïques. Cette SEM, portée par le Conseil général, a réalisé cet investissement, en retire le produit de la vente d’électricité et en assure la maintenance. Ainsi cette mairie est à énergie positive, c'est-à-dire qu’elle produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
D’un coût global de 1 400 000 € H.T., aménagements paysagers et parkings compris, elle a bénéficié de subventions de l’Etat, que je remercie par votre intermédiaire Monsieur le Préfet, de la Région que je remercie également, du Ministère de l’Intérieur, et de fonds européens. En prenant en compte la vente de l’ancienne mairie, qui a été signée le 21 mai dernier, le coût résiduel pour les finances communales est de 450 000 €. Le coût de ce chantier est à la mesure des capacités budgétaires de la commune. Grâce à plusieurs années de désendettement et conformément aux engagements pris par le conseil municipal, le financement de ces travaux permet, comme par le passé, de maintenir, à long terme, une augmentation très modérée de notre fiscalité locale.
Je tiens, au nom des conseillers, à remercier tous les acteurs de la construction de ce nouvel édifice public. Je ne vais pas tous les citer nominativement car j’en oublierai certainement et je ne veux vexer personne. Et cela s’apparenterait à une longue litanie qui vous rappellerait, sans aucun doute, les interventions, le plus souvent insipides et soporifiques, des récipiendaires de César ou de Molière.
Permettez-moi seulement de remercier et de féliciter pour la qualité de leur travail les cabinets d’expertise, les entreprises, la SODEMEL qui nous a parfaitement accompagné tout au long de l’avancement de ce lourd et délicat dossier pour une commune de 2 200 habitants, et bien sûr notre architecte Jean-Pierre CRESPY qui a conçu et dessiné ce bâtiment. Il a su écouter les désirs, les observations et parfois les exigences du personnel communal et des élus. Mes remerciements s’adressent également à l’équipe des agents administratifs qui a géré de main de maître le déménagement et l’installation dans ses nouveaux locaux, sous la houlette d’Anne-Marie MOREAU, notre secrétaire de mairie qui ne se départit jamais de sa zen attitude.
En demandant à Anne-Marie MOREAU et à Emile BENOIT, qui a été durant 33 années, secrétaire de Mairie à Champigné, de tenir le traditionnel ruban tricolore, nous avons voulu, symboliquement, matérialiser la continuité du service public, du service au public. Merci mon cher Emile, d’avoir accepté avec votre bonne humeur habituelle, cette lourde tâche !
Je ne voudrais pas clore ce chapitre des remerciements sans m’adresser à Max GRAZELIE. Vous l’avez certainement remarqué, cette salle est décorée de reproductions d’œuvres d’Henri LEBASQUE, peintre né à Champigné en 1865. L’école publique et la rue où se situe cette mairie portent son nom. Max GRAZELIE a proposé de prolonger cette inauguration par une exposition beaucoup plus complète. Elle sera ouverte au public de mardi à vendredi de la semaine prochaine. Vous êtes cordialement invités à son vernissage le mercredi 19 juin à 18 heures ici même. Merci Max et à celles et ceux qui ont donné de leur temps pour monter cette exposition.
Au delà de l’édifice public aussi esthétique ou chargé d’histoire soit-il, la mairie porte une valeur symbolique forte. Elle est, en effet, l’incarnation tangible de la commune, ce premier espace d’entraide et de solidarité, ce premier espace de démocratie de proximité, de démocratie locale. Ce lieu où la démocratie est au service de chaque citoyen car comme l’écrivait Albert CAMUS : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ».
Un lien très fort relie les français à la commune, à leur commune, non pas selon un sentiment passéiste mais parce qu’ils savent bien que c’est l’entité de base de notre société. Les français sont profondément attachés à leur clocher qui représente la tradition culturelle de la France mais aussi à leur monument aux morts, témoin de l’Histoire, témoin des séculaires combats pour la liberté.
Cet attachement à la commune ne doit pas nous empêcher d’être d’ardents défenseurs de l’intercommunalité. Le couple commune-communauté de communes est un couple complémentaire, l’une est indispensable à l’autre. L’intercommunalité est un choix de raison qui transcende les intérêts propres de chaque élu, un choix porté par une vision à long terme d’un territoire, un choix qui permet, dans l’intérêt de nos concitoyens, de faire à plusieurs ce que nous ne pourrions faire seuls. Notre département est parfaitement maillé par un réseau d’intercommunalités, ce qui constitue, d’ailleurs, l’un de ses nombreux atouts. Cependant, je fais partie de celles et ceux qui pensent qu’il faut renforcer qualitativement nos communautés de communes. Un certain nombre d’entre elles, dont la notre, celle du Haut-Anjou, doivent prendre une nouvelle dimension. Le vieil adage, l’union fait la force est plus que jamais d’actualité à un moment où l’argent public se fait plus rare, de façon non pas conjoncturelle mais structurelle.
Mais si la compétitivité des territoires impose la dimension intercommunale, la cohésion sociale impose la vie communale. Cette cohésion sociale qui, en mobilisant tous les acteurs de la Cité, donne du contenu et du sens aux valeurs et aux principes de notre République. Dans cette mondialisation des échanges qui inquiètent nos concitoyens et qui ressentent le besoin d’un enracinement local, en cette période où notre pays vit plusieurs crises : financière, économique, sociale et désormais sociétale, les communes et leurs élus ont plus que jamais un rôle éminent à jouer pour faire prévaloir l’intérêt collectif sur la somme des intérêts particuliers.
Le maire, les conseillers municipaux restent des points de repère essentiel. Ils doivent gérer les différences, les faire vivre ensemble au service de la tolérance, au service d’un pacte républicain fort. Car le « vivre ensemble », selon la formule de l’ancien Président de l’Association des Maires de France « doit être l’enrichissement par le partage avec l’autre ».