Bidouillage et tripatouillage : Les deux mamelles électorales du pouvoir socialiste

A chaque fois que les socialistes sont au Gouvernement, ils modifient les règles électorales pour tenter de conserver un pouvoir qu’ils voient leur échapper. Et de ce point de vue, François HOLLANDE est en train de battre tous les records. Il s’attaque méthodiquement à tous les scrutins avec une constance qui n’a d’égale que son incapacité à régler les problèmes auxquels sont confrontés les français.

C’est d’abord, après la suppression des conseillers territoriaux, la création des conseillers départementaux[1] élus au scrutin binominal. La loi stipule : « les électeurs de chaque canton du département élisent au Conseil départemental deux membres de sexe différent qui se présentent en binôme de candidats », en lieu et place d’un membre du Conseil général par canton. Ce qui nécessite, afin de garder le même nombre de conseillers départementaux de diviser par deux le nombre de cantons.

Dans la mesure où le territoire de ces futurs cantons est défini sur des bases essentiellement démographiques et qu’il ne lui est pas nécessaire de tenir compte des limites des circonscriptions législatives, le Gouvernement peut procéder à un découpage sur-mesure. D’autant plus que les Conseils généraux ne seront consultés que pour avis. Le Gouvernement a les mains libres ou, plus exactement, les ciseaux affranchis de toute contrainte.

En Maine-et-Loire il y aura donc, pour les prochaines élections départementales, 21 cantons comptant en moyenne 37 000 habitants. Ce qui affaiblira fortement la représentation des territoires ruraux.


C’est fou comme les socialistes ont une capacité incroyable à créer des « machins » (comme aurait dit le Général de GAULLE) que personne à travers le monde ne souhaite reprendre ou copier. C’est le cas pour les 35 heures, ce sera le cas pour ce scrutin binômal.

C’est ensuite, la modification du calendrier électoral qui repousse les élections départementales et régionales en 2015, c'est-à-dire après les élections sénatoriales de septembre 2014. La conséquence de ce double report est le gel d’une partie du corps électoral sénatorial dans le but inavoué, mais tellement flagrant, pour la majorité présidentielle de garder la majorité au Sénat alors qu’elle ne possède que six sièges d’avance.

C’est encore, pour augmenter les chances de la gauche de rester majoritaire au Sénat, le ministre de l’Intérieur qui a déposé un projet de loi concernant l’élection des sénateurs. Sous couvert de parité, le 1er point de cette loi consiste à augmenter le nombre de sénateurs élus à la proportionnelle.[2] Le scrutin de liste concernerait 25 nouveaux départements. Ainsi, 73 % des sénateurs seraient élus à la proportionnelle (255 sur 348), alors qu’aujourd’hui les deux modes de scrutin se répartissent à part égale. Grâce à ce bidouillage, la gauche pourrait ainsi gagner 7 sièges en 2014.

Plus grave, ce projet de loi propose de «  modifier les modalités de calcul du nombre de délégués des communes afin de permettre une meilleure représentation démographique des communes urbaines. » Dans les communes de 30 000 habitants, il serait désigné un délégué supplémentaire par tranche de 800 habitants au lieu de 1 000 actuellement. Angers gagnerait de cette façon une trentaine de délégués supplémentaires. A l’échelle de la France, on en compterait 3 150 en plus.

Ces modifications du corps électoral sénatorial ainsi que le redécoupage des cantons, ont pour but de diminuer la représentativité du monde rural qui, traditionnellement, vote plus à droite et au centre que le monde urbain.


C’est enfin, l’intention du Gouvernement d’instaurer une dose de proportionnelle aux législatives de 2017, sans augmenter le nombre de députés. Cela nécessitera, bien sûr, de redécouper la carte des circonscriptions législatives. Les ciseaux du ministre de l’Intérieur n’ont pas fini de chauffer ! L’objectif étant, pour la gauche, de limiter autant que faire se peut sa défaite annoncée.

Depuis mai 2012, le ministre de l’Intérieur et ses collègues du Gouvernement ont présenté 10 textes portant réforme de scrutins électoraux. Cela démontre que les socialistes ont une vision toute particulière de la démocratie. Une fois arrivés au pouvoir, ils bidouillent et tripatouillent pour le conserver.

Dans cette période de marasme socio-économique, où tous les indicateurs passent les uns après les autres au rouge, ces réformes ne sont certainement pas la priorité des Français. Mais celle du Gouvernement, « oui ». Les Français ne sont pas dupes et lui font payer au prix fort, élection après élection, ses résultats catastrophiques et cette petite tambouille politicienne.

 



[1] Nouvelle dénomination des Conseillers généraux.

[2] Dans les départements qui élisent entre 1 et 3 sénateurs, ceux-ci sont élus au scrutin majoritaire. Dans les départements qui élisent 4 sénateurs ou plus, ceux-ci sont élus à la représentation proportionnelle