OTAN…en emporte le vent !

Avant son voyage aux États-Unis, François Hollande a signé une tribune avec Barack Obama. Dans ce texte, on peut lire : « Il y a dix ans à peine, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nos deux pays allaient travailler ensemble aussi étroitement dans tant de domaines. Mais notre alliance s'est transformée au cours des dernières années. Depuis le retour de la France dans la structure de commandement de l'OTAN, il y a quatre ans, nous avons développé notre coopération à tous les niveaux dans le cadre de notre engagement à renforcer constamment le partenariat entre l'OTAN et l'Union européenne. Nous sommes deux nations souveraines et indépendantes qui prennent nos décisions en nous fondant sur nos intérêts nationaux respectifs. »

A cette lecture, les bras m’en sont tombés ! En effet, me sont revenus en mémoire les déclarations fracassantes du même François Hollande, alors 1^er secrétaire du Parti Socialiste, à la tribune de l’Assemblée nationale, en avril 2008. Il défendait une motion de censure, suite à l’annonce, quelques jours plus tôt, par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. 

Il m’a semblé intéressant de retrouver pour vous les propos exacts tenus par François Hollande à cette occasion :

« Revenir dans le commandement intégré de l’OTAN n’est pas un choix qui peut être pris par un seul homme. Il s’agit de rien de moins que de l’indépendance de la France ». La France est-elle moins indépendante aujourd’hui ? Non. Elle a fait le choix seule, (tellement seule qu’elle en est isolée), d’intervenir d’abord au Mali puis en Centrafrique. François Hollande le reconnaît, en affirmant que notre pays est « une nation souveraine et indépendante. »

« Cette décision de revenir dans le commandement militaire de l’OTAN est fâcheuse pour les intérêts de la France, dont le statut d’allié singulier des États-Unis était un marqueur, jusque-là, de sa politique internationale… Si notre pays renonçait à son autonomie de jugement au sein de l’Alliance, c’est l'ensemble de l'Europe – pas simplement la France – qui se trouverait en situation d'alignement sur les États-Unis ». La relation de la France avec les États-Unis s’est-elle profondément modifiée ? La France et l’Europe sont-elles alignées sur les États-Unis ? Encore une fois non. François Hollande va même jusqu’à écrire que « nous avons développé notre coopération à tous les niveaux. »

« Ce retour vers l'OTAN n’est pas simplement contraire aux intérêts de la France et même de l’Europe, il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde. Nous allons perdre en indépendance ce que nous ne gagnerons pas en sécurité ». A-t-il relu ce passage de son discours avant d’écrire sa tribune ? Qui pouvait raisonnablement croire que le monde serait plus dangereux si la France réintégrait l’OTAN ? A par lui ?

« Ce n’est pas un symbole d’être dans le commandement intégré de l’OTAN. C’est un reniement, un renoncement, un abandon ! ». Fait-il toujours sienne cette formule grandiloquente?

Pour résumer, en avril 2008, François Hollande affirmait des convictions exactement contraires à celles qu’il défend aujourd’hui. Était-ce par idéologie, à l’évidence oui. Était-ce par calcul politicien ? Encore oui, certainement.

Mais la grandeur d’un homme d’État se mesure à sa capacité à prendre position et à assumer ses choix dans l’intérêt supérieur de la Nation.  

Avec cette question majeure du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, François Hollande n’a pas compris l’évolution de notre environnement géopolitique passé d’un monde bipolaire à un monde multipolaire. Il n’a pas fait preuve d’une vision stratégique et anticipatrice. Il s’est contenté de petits arguments qui ravissaient ses troupes socialistes. Il est passé complètement à côté de décisions historiques. C’est en cela, aussi, qu’il n’est pas un homme d’État.