L’affaire Bygmalion provoque de fortes turbulences au sein de l’UMP. Elle désarçonne les militants et laisse les électeurs de la droite et du centre abasourdis. Cette affaire est dévastatrice à la fois pour tous les partis de gouvernement mais aussi pour tous les élus. Elle ne peut que renforcer la ritournelle populiste du « tous pourris ». Il n’est pas question pour moi, ici, de porter un jugement sur les responsabilités de tel ou tel, c’est à la justice de le faire et si nécessaire de condamner.
Aujourd’hui, passé le choc, il faut reconstruire notre mouvement en l’édifiant sur de bonnes bases.
Et en premier lieu, il faut définir une ligne politique. Elle doit faire la synthèse entre celles et ceux qui se réclament d’une droite forte et celles et ceux qui se retrouvent dans des valeurs humanistes et centristes. Et cela ne me semble pas constituer la quadrature du cercle. En effet, c’est bien sur ce principe que l’UMP a été créée. Elle a toujours compté dans ses rangs diverses sensibilités incarnées par des personnalités aux convictions affirmées. L’UMP est et doit rester la grande famille de la droite et du centre où toutes les expressions sont possibles, où le débat, non seulement permis mais encouragé, permet d’aboutir à des propositions claires. Car je reste intimement persuadé que ce qui nous éloigne est infiniment moins important que ce qui nous rapproche et nous unit.
Ensuite, il faut que Nicolas Sarkozy clarifie son positionnement politique. Ses non-dits empoisonnent la vie de notre mouvement. Soit il a envie de revenir en politique et il le fait savoir. Soit il souhaite rester en retrait et il le dit. Les sous-entendus, les petites phrases sibyllines jettent le trouble. Son attitude actuelle est un ferment de division.
Par ailleurs, les comptes de l’UMP doivent être remis en ordre et surtout être présentés de façon la plus transparente possible afin de lever tout soupçon. Aujourd’hui, dans une démocratie comme la nôtre, le financement de la vie politique repose sur l’argent public et les dons des sympathisants. Il n’y a donc rien à cacher aux Français.
Beaucoup rêvent d’une UMP qui se diviserait et exploserait. Vieille utopie que caressent nos adversaires politiques, les médias et même certains de nos amis. Ils se trompent lourdement. Je fais confiance au sens des responsabilités de chacun, dirigeants, cadres, élus et militants, pour ne pas leur donner raison. Nos prises de position, nos propos, nos comportements ne doivent pas alimenter la division mais bien au contraire aller dans les sens de l’apaisement et de l’unité.
Des voix se font entendre pour remettre en cause le collège, Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, qui assure la transition et gère le parti jusqu’au prochain congrès à l’automne. Certes, les statuts n’ont sans doute pas été respectés à le lettre, mais quand il y a le feu à la maison, on ne se livre pas à du juridisme tatillon, on prend des mesures d’urgence, qui ont d’ailleurs été confirmées par un vote du bureau politique à l’unanimité.
Aujourd’hui, la parole du Président de la République est complètement décrédibilisée au niveau national comme au niveau international. Sa gestion des dossiers est improvisée, ses décisions sont prises en fonction du dernier qui a parlé, sa majorité est divisée et de plus en plus frondeuse. Seulement deux ans après son élection, une majorité de députés socialistes ne souhaite pas qu’il soit candidat à sa propre succession en 2017 ! C’est dire.
Dans ce contexte, l’UMP doit se remettre au plus vite en ordre de marche, se préparer pour gagner l’élection présidentielle et ainsi assurer le renouveau dont notre pays a tant besoin.
« Cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. » disait Nelson Mandela. Nul doute que notre famille politique surmontera cette épreuve et en ressortira encore plus forte, plus aguerrie.