Les Français, bouleversés par les attentats perpétrés la semaine dernière ont manifesté leur unité dans une communion nationale qui a traversé la France à travers tous ses territoires. Par là même, ils ont également exprimé leur attachement aux valeurs qui forment le socle de la Nation, la liberté, l’égalité et la fraternité, et réaffirmé, haut et fort, que la France est bien la Patrie des Droits de l’Homme.

La France a été atteinte au plus profond d’elle-même. Elle a prouvé, dimanche dernier, ses facultés de résistance. Blessée mais déjà relevée.

Au-delà de cette émotion, vient le temps du retour à la raison. En tant qu’élus, responsables, citoyens, parents, quelles que soient nos convictions politiques et religieuses, ces attentats perpétrés par trois terroristes mais aussi certains comportements ou prises de position posent de nombreuses questions. Des questions qui appellent des réponses multiples et complexes.

Chacun sait que le terrorisme se nourrit de l’inculture et de la pauvreté. Comment a-t-on laissé se développer dans notre pays des zones de non droit qui sont devenues le terreau des recruteurs de djihadistes ? Des zones où les trafics de drogues ou d’armes rapportent des sommes sans commune mesure avec les revenus d’un travail. Des zones où des jeunes se retrouvent en rupture avec la société car ils sont persuadés que, des trois valeurs de notre devise républicaine, l’égalité ne les concerne pas et qu’ils n’ont pas accès aux mêmes chances que les autres jeunes français. Des zones où certains cèdent au terrorisme et retournent les armes contre leur mère Patrie.

Jeudi dernier, dans 70 établissements scolaires, des jeunes ont perturbé la minute de silence demandée en mémoire des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo. A quelle transmission de notre culture ont-ils eu droit ? Ou plus exactement, pourquoi  cette transmission culturelle ne s’est pas réalisée ? Car remettre en cause une minute de silence en hommage à 12 morts, c’est rejeter le respect que l’on doit à toute femme ou à tout homme mort sous les balles de terroristes, c’est nier le respect de la vie. Pourquoi appréhendent-ils des caricatures comme une attaque cinglante de leurs convictions ? Bien qu’elles soient parfois très impertinentes, elles n’ont, en réalité, d’autre vocation que l’humour. Elles sont le sel de l’esprit frondeur Français. Pourquoi n’ont-ils pas compris, admis et fait leur que dans notre pays, la République est laïque et donne à chacun le droit irrépressible à la liberté d’expression ? Que dans notre pays, la République est laïque et permet l’expression de toutes les religions dans le respect de la liberté des convictions de chacun. Quel est le sentiment d’appartenance à la Nation de ces jeunes Français ?

Depuis plus de 10 ans, les  gouvernements successifs ont engagé d’importants travaux de rénovation urbaine dans certains quartiers de nos villes. C’est un effort indispensable pour donner des conditions de vie confortables à un grand nombre de nos concitoyens. C’est un effort nécessaire. Mais restaurer les murs, n’est pas un effort suffisant pour transmettre à certains jeunes de ces quartiers les valeurs de notre vivre ensemble.

Depuis bien des années, de nombreux rapports divers et variés, écrits par des experts de toute sorte, ont attiré l’attention de la société sur la perte de repères de certains jeunes Français. En 2002, notamment, dans son livre « Les territoires perdus de la République », Georges BENSOUSSAN publiait des témoignages d’enseignants et de chefs d'établissements scolaires sur leur quotidien : le racisme, le sexisme, l’antisémitisme, l’irrespect, l’offensive islamiste, la remise en cause des cours d’histoire et de biologie.

Qu’avons-nous fait depuis 2002 ?