La majorité présidentielle gérait 60 départements. Jeudi 2 avril, après l'élection des Présidents des Conseils Départementaux, elle n'en gèrera plus que 34. Le Parti Socialiste subit là une défaite historique au sens littéral du terme. Certes, les élections intermédiaires ne sont généralement pas favorables au pouvoir en place mais c'est la première fois, sous la Vème République, qu'un gouvernement se voit ainsi sanctionner lors d'élections départementales. Il y a bien des raisons qui expliquent ces résultats.
C'est, d’abord, l'échec des politiques menées par le gouvernement. Les Français n'en peuvent plus de faire face à des augmentations, sans fin, de taxes et d'impôts. Le chômage s'envole. Les commerçants, artisans, chefs d'entreprise, agriculteurs doivent faire face à des normes et des contraintes de plus en plus nombreuses et de plus en plus coûteuses. Notre pays décroche.
Au soir du premier tour des élections départementales, Manuel Valls se réjouissait de la bonne résistance du Parti Socialiste ! Avant un 2ème tour, qui s'annonçait très périlleux pour le pouvoir en place, le Premier Ministre, à sa manière psychorigide, déclarait que quel que soit le résultat du scrutin départemental, il ne tiendrait pas compte de l'expression démocratique de ses concitoyens et donc qu'il ne changerait rien à sa politique. C'était le meilleur moyen pour motiver les Français de se rendre aux urnes afin de sanctionner encore plus fortement la majorité présidentielle. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Sans surprise, la gauche essuie un revers sans précédent.
Le PS est fortement affaibli, autour de 20% des suffrages, et pour conserver des départements il ne peut compter sur ses alliés habituels, à savoir le Front de Gauche et les écologistes dont le poids politique est inversement proportionnel à leur poids médiatique. La gauche divisée, pour ne pas dire éclatée, peut-elle se retrouver lors du prochain scrutin régional ?
Ce serait étonnant. Quelles sont les bases programmatiques communes entre le Front de Gauche, Europe Écologie Les Verts et le Parti Socialiste ? Un Parti Socialiste lui-même fracturé entre les tenants d’une ligne sociale-démocrate incarnée et mise en œuvre par Manuel Valls et les frondeurs qui veulent un coup de barre à gauche. Et tant que Manuel Valls sera Premier Ministre, cette fracture non seulement ne se consolidera pas mais au contraire s’élargira. D’autant plus que les déclarations à l’emporte-pièce et les coups de menton de l’ancien maire d’Évry ne sont pas de nature à apaiser sa majorité !
Dans ce contexte de déliquescence de la gauche, le Front National confirme son implantation. Et, même s’il ne gagne pas de département, même s’il n’atteint pas la centaine de conseillers départementaux espérée, pour n’en compter que 60, le parti de Marine Le Pen peut croire en ses chances lors des régionales. Le scrutin proportionnel lui sera beaucoup plus favorable et il peut rêver de remporter quelques régions au vu des résultats de ces élections départementales.
Pour l’UMP et l’UDI, l’union est plus que jamais nécessaire pour arriver en tête devant le FN. A cette condition, tout est réuni pour que la droite et le centre infligent, après les municipales, les européennes, les sénatoriales et les départementales, une 5ème claque au pouvoir en place.