Taxis-VTC
Le conflit qui oppose les taxis parisiens aux Voitures de Tourisme avec Chauffeurs (VTC) est révélateur des problèmes que notre société rencontre face à la digitalisation de l’économie. Ce n’est pas une évolution mais une révolution à laquelle il est vain de s’opposer. C’est une offre qui convient parfaitement aux consommateurs qui en redemandent. A l’instar du téléphone portable qui a détrôné le téléphone fixe, il n’y aura pas de retour en arrière. C’est une lame de fond puissante qui emporte bien des acquis et des certitudes. La profession de taxi en apporte un exemple frappant.
Aujourd’hui les taxis parisiens sont rattrapés et même devancés par l’Uberisation de l’économie. L’on peut comprendre leur colère. Ils ont du acheter une licence fort chère et ils voient leur investissement réduit à zéro après de nombreuses années de travail. Quelle profession l’accepterait sans réagir ? A l’évidence, l’État doit accompagner les taxis dans cette phase de transition afin qu’ils s’adaptent à ce nouvel environnement.
Il ne s’agit pas d’opposer la vieille économie à une nouvelle économie, comme certains cherchent à opposer la Vieille Europe au Nouveau Monde, mais cette digitalisation de l’économique oblige à revoir de façon urgente le financement de notre modèle social. Penser que l’on peut continuer indéfiniment à financer notre protection sociale en taxant le coût de la main d’œuvre est une aberration. Dans l’état actuel des comptes de la Nation et des comptes sociaux, il y urgence à trouver de nouvelles ressources. D’autant que la numérisation de l’économie ne touche pas seulement les taxis. L’essor de plates formes Airbnb, BlaBlacar pour n’en citer que deux prouve que bien d’autres secteurs d’activités sont touchés.
Si l’Uberisation de l’économie est une révolution économique, elle est également une révolution sociale.
FRANCOIS HOLLANDE PRIS A SON PROPRE PIEGE
Lors du dernier conseil des Ministres, le Président de la République a décidé de faire figurer dans le projet de loi constitutionnelle, qui sera débattu au Parlement en début d’année, l’extension de la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France et condamnés pour crimes terroristes.
Après avoir fait cette proposition lors du Congrès, Le Président de la République a cru habile de la maintenir, pensant que tôt ou tard les députés et sénateurs de sa majorité le soutiendraient et qu’il piègerait son opposition qui se retrouverait face à un dilemme : soit soutenir le Chef de l’État en votant favorablement soit se renier en n’apportant pas son soutien au texte de loi.
Pour la droite et le centre les choses sont simples. Ces deux familles politiques ont tout intérêt à voter cette loi démontrant ainsi qu’elles sont fidèles à leurs valeurs et à leurs convictions quelle que soit la couleur politique du Gouvernement qui la porte. Elles ne perdront pas leur âme en soutenant une mesure qu’elles réclament depuis longtemps. Elles n’en seront pas moins opposantes au Gouvernement. Cela n’en fera pas les alliées de François Hollande.
Par contre, ce débat est entrain d’atomiser le Parti Socialiste et ses alliés. Bien évidemment, les Verts sont vent debout, l’aile gauche du Parti Socialiste aussi, et je n’oublie pas les frondeurs toujours prêts à démarrer au quart de tour pour critiquer le Président qu’ils ont fait élire et la majorité dans laquelle ils siègent mais qu’ils ne veulent surtout pas quitter. La fracture est très profonde puisque des personnalités réputées plus modérées sont montées au créneau. Pour se rendre compte des dégâts occasionnés, il suffit de lire les twitts assassins de Jean-Marc AYRAULT et Martine AUBRY. En réponse, le Premier Ministre s’est vu obligé de rédiger une tribune publiée sur Facebook.
Chacun sait que François HOLLANDE n’a qu’un objectif en tête, sa réélection en mai 2017. Dans cette optique, persuadé du soutien de sa majorité sur ce texte, alors que rien n’est moins sûr, il a tenté de piéger la droite pour étendre sa base électorale. Mauvais calcul. C’est ce qu’avait essayé Nicolas SARKOZY en nommant des ministres dits d’ouverture. Le gain électoral a été nul, certains n’hésitant pas à appeler à voter pour François HOLLANDE aux dernières présidentielles.
En cette période d’étrennes, on pourrait offrir au Président de la République un recueil des fables de Jean de La Fontaine et lui recommander la lecture de celle intitulée : « Le Rat et l’huitre ». La morale de cette fable s’applique parfaitement au Chef de l’État :
« Tel est pris qui croyait prendre. »
Une 5ème claque ?
La majorité présidentielle gérait 60 départements. Jeudi 2 avril, après l'élection des Présidents des Conseils Départementaux, elle n'en gèrera plus que 34. Le Parti Socialiste subit là une défaite historique au sens littéral du terme. Certes, les élections intermédiaires ne sont généralement pas favorables au pouvoir en place mais c'est la première fois, sous la Vème République, qu'un gouvernement se voit ainsi sanctionner lors d'élections départementales. Il y a bien des raisons qui expliquent ces résultats.
C'est, d’abord, l'échec des politiques menées par le gouvernement. Les Français n'en peuvent plus de faire face à des augmentations, sans fin, de taxes et d'impôts. Le chômage s'envole. Les commerçants, artisans, chefs d'entreprise, agriculteurs doivent faire face à des normes et des contraintes de plus en plus nombreuses et de plus en plus coûteuses. Notre pays décroche.
Au soir du premier tour des élections départementales, Manuel Valls se réjouissait de la bonne résistance du Parti Socialiste ! Avant un 2ème tour, qui s'annonçait très périlleux pour le pouvoir en place, le Premier Ministre, à sa manière psychorigide, déclarait que quel que soit le résultat du scrutin départemental, il ne tiendrait pas compte de l'expression démocratique de ses concitoyens et donc qu'il ne changerait rien à sa politique. C'était le meilleur moyen pour motiver les Français de se rendre aux urnes afin de sanctionner encore plus fortement la majorité présidentielle. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Sans surprise, la gauche essuie un revers sans précédent.
Le PS est fortement affaibli, autour de 20% des suffrages, et pour conserver des départements il ne peut compter sur ses alliés habituels, à savoir le Front de Gauche et les écologistes dont le poids politique est inversement proportionnel à leur poids médiatique. La gauche divisée, pour ne pas dire éclatée, peut-elle se retrouver lors du prochain scrutin régional ?
Ce serait étonnant. Quelles sont les bases programmatiques communes entre le Front de Gauche, Europe Écologie Les Verts et le Parti Socialiste ? Un Parti Socialiste lui-même fracturé entre les tenants d’une ligne sociale-démocrate incarnée et mise en œuvre par Manuel Valls et les frondeurs qui veulent un coup de barre à gauche. Et tant que Manuel Valls sera Premier Ministre, cette fracture non seulement ne se consolidera pas mais au contraire s’élargira. D’autant plus que les déclarations à l’emporte-pièce et les coups de menton de l’ancien maire d’Évry ne sont pas de nature à apaiser sa majorité !
Dans ce contexte de déliquescence de la gauche, le Front National confirme son implantation. Et, même s’il ne gagne pas de département, même s’il n’atteint pas la centaine de conseillers départementaux espérée, pour n’en compter que 60, le parti de Marine Le Pen peut croire en ses chances lors des régionales. Le scrutin proportionnel lui sera beaucoup plus favorable et il peut rêver de remporter quelques régions au vu des résultats de ces élections départementales.
Pour l’UMP et l’UDI, l’union est plus que jamais nécessaire pour arriver en tête devant le FN. A cette condition, tout est réuni pour que la droite et le centre infligent, après les municipales, les européennes, les sénatoriales et les départementales, une 5ème claque au pouvoir en place.